Tu ne peux pas revenir en arrière… mais tu peux transformer la culpabilité

Le jour où j’ai blessé ma fille

Tu ne peux pas revenir en arrière mais…

Mais tu peux revenir vers l’autre et encore plus vers toi.

J’ai coincé les doigts de ma fille dans la porte de l’ascenseur.

Rien que de l’écrire, ça pique encore.

C’était un matin comme les autres.

Pressé, un peu en retard.

Gaby a deux ans. Et elle expérimente le “terrible two” avec un engagement admirable.

Depuis le réveil, j’avais essuyé trente “non”.

Manteau ? Non.

Chaussures ? Non.

Bisou à maman ? Non.

J’étais déjà dans le tunnel. Celui du “on y va là ?”, du “faut qu’on bouge”, du “t’as vu l’heure ?”.

J’appelle l’ascenseur.

Elle regarde les câbles monter derrière la vitre.

Il arrive.

Je veux l’ouvrir.

Elle est juste devant la porte.

Je lâche un “décale-toi” un peu sec.

Et là, je comprends.

Elle est figée. Tremblante.

Ses doigts sont dans la charnière.

Et moi, je viens d’ouvrir la porte.

Elle ne pleure pas tout de suite.

Elle est en état de choc.

Moi aussi.

Puis elle pleure.

Et moi, j’ai envie de m’effondrer.

Ma femme agit : arnica, réconfort.

Moi je la prends dans mes bras. Je répète :

“Pardon.”

“Je suis désolé.”

“Pardon.”

Rien d’autre ne sort.

À ce moment-là, les horaires, les obligations… tout s’efface.

Il ne reste que cette petite main blessée, son corps contre le mien, sa confiance malgré tout.

Et ce vertige immense :

j’aurais voulu revenir en arrière.

Mais on ne revient pas en arrière.


La culpabilité : une cicatrice vivante

Cet épisode m’a fait réfléchir à cette émotion qu’on connaît tous mais qu’on comprend rarement : la culpabilité. Et plus encore : la culpabilité parentale.

Elle peut être utile.

Ou destructrice.

Parfois les deux.

Il y a la culpabilité saine, celle qui te pousse à réparer, à apprendre, à mieux faire.

Et puis la culpabilité toxique, celle qui te ronge, qui te paralyse. Celle qui laisse une blessure intérieure profonde.

Il y a celle qu’on hérite : de l’éducation, de la culture, de la religion.

Et celle, plus sournoise, qui vient de notre envie d’être parfait.

Dans mon cas : je suis papa, donc je dois veiller.

Donc si elle se fait mal, c’est ma faute.

Et pourtant… elle a deux ans. Elle découvre. Elle expérimente.

Alors, où commence ma responsabilité ? Où finit ma culpabilité ?

On peut être responsable sans être coupable.

Et coupable, sans être mauvais.


Le mythe du contrôle total

On culpabilise souvent… parce qu’on s’imagine qu’on aurait pu éviter.

Si j’avais été plus attentif.

Si j’avais pris trois secondes de plus.

Si j’avais gardé mon calme.

Mais cette idée que l’on pourrait tout anticiper, tout prévenir, tout maîtriser…

C’est un mythe.

Et ce mythe fait mal.

Il nous pousse à vouloir être des parents parfaits, des humains irréprochables, des professionnels infaillibles

Et quand ça dérape — parce que ça dérape toujours —

on se déteste.

La charge émotionnelle est énorme. Invisible, mais bien là.


La gratitude : un antidote

Et pourtant…

Dans cette scène, j’ai ressenti autre chose, à côté de la culpabilité.

Un amour immense.

Une gratitude silencieuse.

Gratitude qu’elle soit là.

Qu’elle pleure. Qu’elle se blottisse.

Qu’elle me pardonne, juste en posant sa tête sur mon épaule.

C’est là que j’ai compris quelque chose :

Si je me sens coupable, c’est que je tiens profondément à elle.

Et ça… c’est déjà un début de lumière.

La culpabilité m’a montré mes limites.

La gratitude m’a montré ce que j’avais encore.

Et ce duo-là, s’il est bien accueilli, peut transformer le pire moment en tremplin. Une invitation à mieux vivre avec ses erreurs.

Et pourtant…

Dans cette scène, j’ai ressenti autre chose, à côté de la culpabilité.

Un amour immense.

Une gratitude silencieuse.

Gratitude qu’elle soit là.

Qu’elle pleure. Qu’elle se blottisse.

Qu’elle me pardonne, juste en posant sa tête sur mon épaule.

C’est là que j’ai compris quelque chose :

Si je me sens coupable, c’est que je tiens profondément à elle.

Et ça… c’est déjà un début de lumière.

La culpabilité m’a montré mes limites.

La gratitude m’a montré ce que j’avais encore.

Et ce duo-là, s’il est bien accueilli, peut transformer le pire moment en tremplin. Une invitation à mieux vivre avec ses erreurs.


Une pratique simple : le rituel de réparation

Je te propose un truc tout bête, mais qui fait du bien.

Chaque soir :

Écris une chose dont tu te sens coupable (même petite).

Puis écris trois choses pour lesquelles tu es reconnaissant.

Ce n’est pas pour s’auto-flageller.

C’est pour regarder en face,

et rééquilibrer avec douceur.

Un vrai rituel de réparation.


En entreprise aussi : la culpabilité invisible

Ce que j’ai vécu ce jour-là, je l’ai revu ailleurs.

En entreprise. En réunion. En team-building.

La culpabilité est partout, même quand on ne dit pas son nom :

Celui qui n’ose pas dire non, par peur de décevoir.

Celle qui fait tout toute seule, par culpabilité de déléguer.

Le manager qui pense qu’il devrait tout gérer, tout porter.

Et on confond tout :

Responsabilité avec culpabilité.

Erreur avec faute.

Lucidité avec blâme.

Il est peut-être temps d’ouvrir un autre espace :

Un espace où on peut dire “j’ai merdé”

sans que ça devienne un procès.

Un espace où la culpabilité devient un signal — pas une punition.

Un espace où la gratitude nous rappelle qu’on est encore là.

Ensemble.

En chemin.

Un espace qui redonne place à la présence consciente. À l’humanité dans la relation parent-enfant, mais aussi dans le cadre pro.


Revenir vers l’autre

Tu ne peux pas revenir en arrière.

Mais tu peux revenir vers l’autre.

Et parfois… ça suffit à guérir.

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🧠 Pour approfondir le sujet :

Mon article sur la gratitude : Le meilleur anti-poisse naturel

Benjamin Getenet, psychologue : Les racines de la culpabilité toxique

Mona CholletRésister à la culpabilisation (Éditions Zones)

Cairn.info – Histoire de l’enseignement moral et de la culpabilité collective


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